Le 8 décembre 1985, l’IFC (International Ferroviaire Club) organisait une circulation spéciale sur la Petite Ceinture : le « train du Père Noël ». En tête, le 230 G 353 – qui n’est autre que la locomotive à vapeur ayant fait le plus grand nombre de tours de la Petite Ceinture ferroviaire.

Le parcours de ce train spécial

Au départ de la gare de Bercy, le train a visité toute la Petite Ceinture Rive Droite ainsi que le section Rive Gauche – à l’exception notable de l’ex-ligne d’Auteuil, en travaux en vue de sa récupération par le RER C – et qui ouvrira en 1988. Parmi les points les plus notables : le Pont Craqueur (au-dessus du canal de l’Ourcq), le triage des Batignolles, ou encore la gare du Boulevard Victor (ex-gare de Grenelle, aujourd’hui Pont du Garigliano). Un parcours aussi riche que varié !

La superbe 230 G 353 s’apprête à se placer en tête du train spécial sur la Petite Ceinture, le 8 décembre 1985, sur le faisceau des voies de la gare de Bercy. © Pete Hackney.

Galerie de photos du train spécial sur la Petite Ceinture

Retrouvez ci-dessous une galerie de photos capturées lors de cette circulation spéciale sur la Petite Ceinture ferroviaire de Paris. 

Cliquez sur chaque images pour les affichier en plus grand !

À la gare de Bercy

La photo ci-dessus est sans doute l’une des plus belles de la locomotive 230 G 353. Le flou de vitesse au niveau des rails retranscrit à merveille l’impression de vitesse et de puissance de la machine. 

Sur les premières photos, le train spécial de la Petite Ceinture côtoie la rame TGV n°16. Cette dernière est exposée dans le cadre de l’opération « TGV 100 », hommage aux 100 mètres/seconde parcourus lors de son record de vitesse (380 km/h) du 26 février 1981. Deux fleurons du ferroviaire français sont mis en dialogue.

À la gare de la Rapée-Bercy

Le photographe s’est placé en haut de l’escalier du poste d’aiguillage du Pont National. Il nous offre ainsi un beau point de vue en plongée panoramique sur les installations de la Rapée-Bercy : les voies de triage encore actives, le signal mécanique et, tout à gauche, la branche « Sud » du raccordement de Bercy.

À la gare de marchandises des Batignolles

Ayant remonté toute la Petite Ceinture Rive Droite, le convoi fait une halte sur le grill des Batignolles. Adossé à la fenêtre, le photographe a immortalisé la manœuvre de la machine, qui se place en queue du convoi. Aujourd’hui, l’environnement est totalement méconnaissable, la gare de marchandises des Batignolles ayant été remplacée par le parc Martin Luther-King.

À la gare de l’Avenue de Saint-Ouen

Après avoir traversé le 17e arrondissement, ce train spécial sur la Petite Ceinture de Paris marque une halte à la gare de l’Avenue de Saint-Ouen. Sur la 1e photo (et sur le cliché ci-dessous), on peut admirer la colonnade en fonte soutenant la rue de Leibnitz. Sur le 2e cliché, la date d’inauguration du tunnel est clairement visible sur le tympan (1889). Ces aménagements sont donc pleinement liés à la suppression des passages à niveau sur la Petite Ceinture Rive Droite (1886 – 1889).

À la gare d’Est-Ceinture

Le train spécial sur la Petite Ceinture traverse le triage d’Auvervilliers, à l’emplacement de l’ex-gare d’Est-Ceinture. La locomotive 230 G 353 s’apprête à passer juste sous les voies de la gare de l’Est. À gauche, invisible pour le photographe, un embranchement desservait les anciens magasins généraux de la Villette. Depuis l’inauguration de la gare de Rosa-Parks (RER E), l’endroit est méconnaissable.

Vers la gare du Pont de Flandre

Ayant dépassé la gare d’Est-Ceinture, le convoi s’élance vers l’est de Paris. Sur la 1e photo, le « train du Père Noël » dépasse un ancien bâtiment de service des machines de Ceinture. Sur la 2e, il longe les quais de l’ancienne gare du Pont de Flandre. Cette section est aujourd’hui ouverte au public (PC19).

Au niveau du Pont Craqueur (canal de l’Ourcq)

Le convoi franchit à toute vapeur le « Pont Craqueur », où la Petite Ceinture enjambe le canal de l’Ourcq. Il s’agit de l’une des rares photographies d’un train spécial sur la Petite Ceinture au niveau de cet ouvrage d’art. Pour mémoire, le « Pont Craqueur » a été construit en 1892 et est composé de 2 ponts-cage. À droite, on distingue l’ancienne usine CPCU (chauffage urbain), déconstruite en 2011.

À la gare de Belleville-Villette

Notre train fait une halte photo en gare de Belleville-Villette. Sur la 1e photo, on peut observer quelques wagons de marchandises. Pourtant, la gare vit ses derniers instants – elle ferme moins de 2 ans plus tard, en 1987. À l’arrière, plan, la grande cheminée est celle de l’usine CPCU du quai de la Marne. Sur la 2e, on distingue le pont de la rue Manin et, au fond, la tranchée du parc des Buttes-Chaumont. La 3e met à l’honneur la face avant de la locomotive. La photographie ci-dessous a été capturée depuis le pont de la rue Manin.

© J. Pepinster

La physionomie des lieux a été totalement transformée par la ZAC Manin-Jaurès : la gare est supprimée, et l’ancien raccordement menant à la gare de Paris-Bestiaux devient l’allée Darius Milhaud.

Au parc des Buttes-Chaumont

Le train spécial sur la Petite Ceinture traverse à toute vapeur la tranchée des Buttes-Chaumont. Au premier plan se dresse la structure en béton du pont de l’Allée de Crimée – qui a remplacé l’ouvrage métallique en 1964. La locomotive s’apprête à entrer dans le tunnel de Belleville (1124 mètres).

La photographie ci-dessus, sans doute capturée avant le passage de ce train spécial, met particulièrement en valeur le poste d’aiguillage de type Saxby contrôlant les aiguilles de la branche Sud du raccordement de la Villette et de la Petite Ceinture. Son « jumeau », dédié à la branche Nord, était situé non loin de l’Avenue Jean-Jaurès. On notera la voie en tiroir située à gauche du cliché (aujourd’hui disparue), juste avant le tunnel de Belleville.

À la gare de Charonne (voyageurs et marchandises)

Ayant « brûlé » la gare de Ménilmontant, le train marque une halte à la gare de Charonne (voyageurs), dont le bâtiment des voyageurs est clairement visible à l’arrière-plan. La salle de concert de la Flèche d’Or s’installera plus tard, en 1995.

Un peu plus loin, le train longe les installations de la gare de Charonne (marchandises). Au fond, on distingue le bâtiment de l’octroi – qui a été démoli peu après. Le premier plan nous offre une très belle vue sur les ateliers de Charonne de la RATP, où sont entretenues les rames de la ligne 2.

À la gare du Cours de Vincennes

Purgeurs ouverts en grand, la 230 G 353 quitte la gare du Cours de Vincennes et s’élance sur le long viaduc du même nom (90 mètres). Ce dernier a été inauguré en 1889, après la suppression des passages à niveau de la Petite Ceinture Rive Droite. Sur les photos précédentes, on pouvait d’ailleurs observer que la voie est placée sur un talus – et non plus au niveau de la voirie.

À la gare du Boulevard Victor (Grenelle marchandises)

Après avoir parcouru toute la Petite Ceinture Rive Gauche, ce train spécial arrive à son terminus : la gare du Boulevard Victor (ex-Grenelle marchandises). Le Père Noël – ou plutôt Saint-Nicolas – est de la partie. À gauche du cliché, on distingue l’un des bâtiments de la base d’essai du système ARAMIS, testé par la RATP et Matra entre 1986 et 1987. Le site est aujourd’hui occupé par le siège de France Télévisions, et la gare du Boulevard Victor renommée en « Pont du Garigliano ».

Retour à la Rapée-Bercy

La 230 G 353 s’offre un bain de foule à la gare de la Rapée-Bercy, à la fin de cette journée ferroviaire bien remplie. L’œil averti notera l’abondance de signaux mécaniques. À l’arrière-plan, la cheminée est celle de l’ancienne usine d’air comprimé SUDAC, quai Panhard et Levassor – aujourd’hui occupée par une école d’architecture.

Bercy – fin du voyage

À la nuit tombée, la 230 G 353 revient à la gare de Bercy pour laisser descendre les passages de ce train spécial sur la Petite Ceinture.