Gare de l’Avenue de Vincennes
Fiche d’identité
- Nom : Gare de l’Avenue de Vincennes, gare du Cours de Vincennes
- Localisation : 99 et 105 Cours de Vincennes
- Arrondissement : 20e
- Date d’ouverture : 1868, reconstruite en 1889
- Type : gare de voyageurs
- Gares voisines : Rue d’Avron, Charonne-Marchandises, Bel-Air
- État : partiellement démolie
- Correspondance : métro ligne 1
Ci-dessus : l’autorail Picasso X3876 en livrée « Furêt du Morvan » passe sur le Pont du Cours de Vincennes. Crédit photo : Yves Seligour, février 1992
La gare de l’Avenue de Vincennes : à mi-chemin entre le 12e et le 20e arrondissement
La gare de l’Avenue de Vincennes se situe sur l’un des axes les plus fréquentés de l’Est parisien. Dès son origine, elle constitue à elle seule ce que l’on pourrait qualifier de « nœud de transports », desservi à l’époque par les omnibus, les tramways et, à partir de 1900, le métro parisien.
La station Porte de Vincennes de la ligne 1, inaugurée le 19 juillet 1900, est située au pied de la gare de la Petite Ceinture. Les superbes édicules Guimard de l’époque ont hélas été supprimés dans les années 1960.
La gare du Cours de Vincennes est bordée au Sud par le Pont du Cours de Vincennes. Long de 90 mètres de long et 10 m de large, ce viaduc ferroviaire métallique permet à la Petite Ceinture de franchir le Cours de Vincennes à angle droit.
La gare de l’Avenue de Vincennes : une inauguration en 2 étapes
La gare « primitive » du Cours de Vincennes voit le jour le 26 avril 1869, soit 7 ans après le début du service voyageurs de la Petite Ceinture. Ce bâtiment « provisoire » opte pour une architecture très simple : ossature en bois, remplissage en brique. Elle ressemble beaucoup aux gares de l’Avenue de Clichy et de Belleville-Villette.
À cette époque, la traversée du Cours de Vincennes se fait via un passage à niveau. Ce dernier était jugé particulièrement dangereux en raison du nombre de trains et de véhicules en tous genres (fiacres, charrettes) qui le traversent. Les accidents sont fréquents et parfois meurtriers.
Après de longs débats entre le Syndicat de Ceinture et la Ville de Paris, les passages à niveau de la Petite Ceinture Rive Droite sont finalement supprimés entre 1886 et 1889. À cette occasion, la gare du Cours de Vincennes est entièrement reconstruite. Elle rouvre au public en 1889, en marge de l’Exposition universelle où est également inaugurée une certaine Tour Eiffel.
L’architecture de la gare de l’Avenue de Vincennes est pour le moins atypique. Le bâtiment des voyageurs est situé sous la plateforme de la voie, dans le prolongement direct du Viaduc de l’Avenue de Vincennes.
L’entrée du bâtiment, la salle d’attente et le guichet sont situés au niveau de la voirie, sous le Pont du Cours de Vincennes. Deux volées d’escaliers parallèles servent évitent aux voyageurs de se croiser. Les escaliers intérieurs servent à la montée des voyageurs, tandis que les escaliers extérieurs servent à la sortie des passagers.
Aussi, la gare présente un caractère très urbain, et préfigure certaines stations du métro parisien. Elle illustre parfaitement la volonté des pouvoirs publics – et du Syndicat de Ceinture – de faire de la Petite Ceinture un véritable « chemin de fer métropolitain ».
À ce titre, notons que la Petite Ceinture est considérée à l’époque comme la première pierre du futur réseau métropolitain – ce qui ne fut finalement pas le cas, le métro ayant été construit indépendamment de la PC au terme de plusieurs décennies de débats intenses.
De par son architecture soignée, la qualité des matériaux utilisés et son insertion dans le tissu urbain, la gare de l’Avenue de Vincennes diffère radicalement de gares comme celle de l’Avenue de Clichy ou du Pont de Flandres, qui prennent davantage un air de gares de campagne !
Enfin, on notera que la gare de du Cours de Vincennes se situe en bordure de la gare de marchandises de Charonne, ouverte en 1855. Cette dernière est desservie par une rampe, qui est placée juste à droite du bâtiment des voyageurs de la gare de l’Avenue de Vincennes (côté banlieue).
La gare de Charonne-Marchandises comportait notamment une annexe charbon, qui venait approvisionner l’usine à gaz de Saint-Mandé (voir photo ci-dessus). Celle-ci était localisée juste à côté de la gare du Cours de Vincennes (côté Paris). Aujourd’hui, le terrain est occupé aujourd’hui, entre autres, par le Lycée Hélène-Boucher (construit à partir de 1935). Ainsi, les gazomètres de l’usine à gaz de Saint-Mandé sont nettement visibles sur les clichés représentant la gare du Cours de Vincennes.
Visite du président Carnot sur le chantier de la suppression des passages à niveau de la Petite Ceinture
Le 14 décembre 1888, le président de la République Sadi Carnot (en fonction de 1887 à 1894), effectue une visite sur le chantier de la suppression des passages à niveau de la Petite Ceinture de Paris au niveau de la gare de l’Avenue de Vincennes.
Cet article du journal l’Illustration, en date du 22 décembre 1888, relate cette événement. Il livre également de nombreux détails quant à la méthode employée lors de la suppression des passages à niveau de la Petite Ceinture. En effet, cette opération, menée entre 1886 et 1889, a été effectuée sans interrompre la circulation des trains.
Le 14 décembre, à 3 heures de l’après-midi, le président de la République s’est rendu sur les chantiers de la suppression des passages à niveau du chemin de fer de ceinture. Il était accompagné de M. le général Brugère, de M. le préfet de police et de quelques officiers de sa maison militaire. Reçu à la station de l’avenue de Vincennes par M. Arnaud, directeur de la Ceinture, entouré des ingénieurs des travaux et de quelques hauts fonctionnaires du ministère des travaux publics, il a visité le bâtiment de la station en construction, et a parcouru à pied les chantiers jusqu’à la rue Vitruve, au milieu des acclamations les plus chaleureuses.
Nos lecteurs savent que lors de la construction du chemin de ceinture par l’Etat, en 1851, on avait établi, entre le tunnel du Père-Lachaise et l’avenue de Saint-Mandé, des passages à niveau, au nombre de six, qui constituaient, pour la circulation des voitures et l’exploitation du chemin de fer, une entrave devenue intolérable. La suppression de ces passages est réalisée par l’exhaussement de la voie ferrée au-dessus des rues avoisinantes, exhaussement qui dépasse cinq mètres de hauteur et s’étend à environ quatre kilomètres de chemin de fer. Ce relèvement du niveau de la voie ferrée a dû être réalisé sur place, sans déviation provisoire de la ligne, sans expropriation, sans interruption de la circulation sur les rues traversées ni de la circulation des trains au nombre de 150 par 24 heures.
Cet intéressant et difficile problème a été résolu en divisant le tronçon de chemin de fer à à transformer en sections d’un kilomètre environ de longueur, qui sont relevées successivement et dans lesquelles les deux voies elles-mêmes exhaussées par gradins alternatifs l’une après l’autre.
Les travaux, commencés en 1886, seront terminés avant l’ouverture de l’Exposition. Le président de la République a paru s’intéresser vivement aux explications qui lui ont été données sur les difficultés rencontrées dans l’exécution de ces travaux ; chemin faisant, il a remis à M. Piot, entrepreneur des travaux, la croix de la Légion d’honneur, récompensant ainsi toute une existence de travail et de probité. Dans cette tournée sur les chantiers, M. Carnot a pu se sentir entouré d’un large courant de sympathie de la population, comme aussi de la part du nombreux personnel de l’entreprise et de la Compagnie. En quittant les chantiers, il a remis à M. le directeur de la Ceinture une somme de 500 francs pour être distribuées aux ouvriers nécessiteux qui y travaillent.
Qu’est devenue la gare de l’Avenue de Vincennes ?
Le service de voyageurs de la Petite Ceinture prend fin le dimanche 22 juillet 1934. Il est remplacé par le « bus PC », assuré par la STCRP (l’un des ancêtres de la RATP).
Cependant, la gare du Cours de Vincennes continue de voir passer de nombreux trains de jonction, qui circulent le plus souvent entre la gare de Lyon et la gare du Nord. Y passent aussi beaucoup de trains de marchandises, ces derniers se rendant notamment à la gare de Charonne-Marchandises. Cette dernière reste active jusqu’en 1980.
Ci-dessous, trois clichés de trains à vapeur sur le Pont de l’Avenue de Vincennes en 1987 et 1989.
Crédit photo : Didier Duforest
La partie supérieure du bâtiment des voyageurs a été hélas démolie. En revanche, la partie inférieure de la gare de l’Avenue de Vincennes a été préservée. Elle a longtemps été louée à une concession automobile, comme en témoigne la photo ci-dessous.
Le Viaduc de l’Avenue de Vincennes, quant à lui, a été entièrement restauré par la Ville de Paris lors de la construction du terminus du tram T3 – situé juste en-dessous. Ce double-terminus des lignes T3a et T3b est inauguré le 15 décembre 2012.