Quels enjeux pour la Petite Ceinture ferroviaire de Paris en cette fin d’année 2023 ? Notre association revient sur différents points ayant fait l’actualité de la ligne au cours de ces derniers mois. Dans ce 7e article, retour sur la « résurrection » de la gare de la rue d’Avron, qui rejoindra d’ici 2025 la liste des anciens bâtiments des voyageurs transformés en tiers-lieux. Décryptage.
La gare d’Avron, au cœur du 20e arrondissement
Située au 4 rue Ferdinand Gambon, l’ancienne gare de la rue d’Avron va bientôt connaître une nouvelle vie. Inaugurée le 15 mai 1895 (soit après les travaux de suppression des passages à niveau de la Petite Ceinture), elle prend place dans un quartier populaire très animé.
En avril 2022, la gare fait partie de la 2e phase de l’appel à projets « À l’orée de la Petite Ceinture » lancé par la Ville et SNCF Immobilier. À l’issue de cette procédure, deux sociétés d’art urbain et d’événementiel, nommées Quai 36 et Constellations, reçoivent la gestion du lieu pour une durée de 20 ans. Une information relayée par un article du Parisien en date du 10 décembre 2023.
L’ancien bâtiment voyageurs – et les terrains environnants – soit une superficie totale de 480 m² sera ainsi transformé en lieu de vie à vocation culturelle, accueillant notamment expositions et concerts, ainsi qu’une résidence d’artistes à partir de 2025. Côté quais, un restaurant-bar-épicerie doit voir le jour. Autant d’éléments qui rappellent le sort de la gare de Montrouge-Ceinture, sauvée grâce à la mobilisation de notre association en 2009 – et qui accueille aujourd’hui Poinçon.
Une gare abandonnée depuis 90 ans ?
Plusieurs articles sur ce sujet mentionnent une gare « abandonnée depuis 1934 » – soit la fin du service voyageurs de la Petite Ceinture. C’est oublier un peu vite l’artiste Richard Marti-Vives, qui occupait les lieux depuis 1991 et assurait l’entretien et la sécurité du site.
En outre, certaines sources font état de « bandes s’étant appropriés les lieux ». Certes, côté quai, le bâtiment sert depuis longtemps de terrain de jeu aux graffeurs. Pour autant, les soucis d’insécurité à cet endroit restent plutôt rares…
On notera aussi que ce futur tiers-lieu de la Petite Ceinture sera voisin du futur « Bois de Charonne », que la Mairie de Paris envisage d’ouvrir au printemps 2024. Pour autant, aucune source ne fait mention d’une éventuelle jonction entre ces deux entités.
En effet, la convention de superposition d’affectation (CSA) signée par la Ville et SNCF Immobilier en juin 2023 concerne uniquement la section de la PC comprise entre le Cours de Vincennes et la rue du Volga.
Selon nos informations, il n’existe (à ce jour) pas de projet visant à relier la gare de Charonne (et la Maison Florian) au futur tiers-lieu de la gare de la rue d’Avron et au « Bois de Charonne ».
Il est vrai que la sécurisation du viaduc de la rue des Orteaux (long de 50 m environ) peut poser question – à l’instar des viaducs au-dessus du Cours de Vincennes ou de l’Avenue de Saint-Mandé. Il est donc à craindre qu’une volée de grillages ne viennent (une fois de plus) envahir le linéaire de la Petite Ceinture…
Quels nouveaux tiers-lieux pour la Petite Ceinture ?
On se souvient qu’en 2018, la Ville ambitionnait de créer une Société Anonyme en vue de la valorisation économique de la Petite Ceinture. Suite au rejet de ce projet au Conseil de Paris, cette action est aujourd’hui menée par SNCF Immobilier, au travers d’appels à projet.
Si certains anciens BV ont été vendus, plusieurs lieux (Ferme du Rail, Voûtes de Vaugirard) sont concernés par ce type d’opération, où un bail est signé pour une durée limitée dans le temps. En avril 2022, les « voûtes de l’Ourcq » (XIXe arrondissement) ont fait l’objet d’un appel à projets dans le cadre de l’opération « À l’orée de la Petite Ceinture ». Le lieu, situé au 1 rue de l’Ourcq (à l’angle de l’Av. Jean Jaurès) doit ainsi être transformé en tiers-lieu à l’horizon 2025.
En revanche, l’avenir reste toujours aussi flou pour l’ancienne gare de Massena (Orléans-Ceinture). Inclus dans l’opération « Réinventer Paris » de 2016 (et relancé en 2021), ce volet du projet « Réalimenter Massena » semble aujourd’hui au point mort. Selon différentes sources, le bâtiment, squatté, serait fortement dégradé. D’autant qu’un incendie se serait déclaré au niveau de l’ancien escalier – sans que nous n’ayons plus d’informations quant aux risques portés à l’intégrité du bâti.
Pour mémoire, un transport ferroviaire du type train-tramway n’aurait aujourd’hui pas besoin des bâtiments des voyageurs – les conditions d’exploitation n’étant plus celles du XIXe siècle. Dès lors, la réutilisation des anciens BV est une belle opportunité pour que ces lieux reprennent vie – et qu’ils ne soient pas laissés à l’abandon – voire démolis – comme ce fut le cas pour nombre d’entre eux.