Depuis 1992, l’ASPCRF agit comme force de proposition auprès des pouvoirs publics et du grand public afin de préserver la Petite Ceinture ferroviaire de Paris comme réserve de capacité au sein du réseau ferré national de SNCF Réseau et de faire connaître l’histoire de ce site en vue d’une possible réutilisation de la ligne pour du transport de voyageurs ou de marchandises, suivant un horizon de moyen ou long terme.
Ainsi, comme à chaque occasion d’une élection qui peut concerner l’avenir de la Petite Ceinture, nous avons sollicité l’ensemble des listes candidates pour la région Île-de-France, par courriel et par courrier suivi.
Nos questions aux listes candidates
Toutes les listes ont effectivement reçu nos sollicitations :
« […] nous préconisons que l’actuel protocole d’accord relatif à la Petite Ceinture — signé en 2015 entre le groupe SNCF et la Ville de Paris — soit pérennisé dans ses dispositions actuelles : celui-ci offre la possibilité d’ouvrir certains espaces au public tout en gardant la voie ferrée actuelle et en garantissant la réversibilité des aménagements pour une utilisation future.
À très court terme, nous estimons que la Petite Ceinture, ligne mythique de Paris, peut également jouer un rôle atypique dans l’attractivité de la région capitale. Nous proposons ainsi que cette ligne devienne une vitrine des nouvelles mobilités et du tourisme écodurable en complément des aménagements réalisés par la Ville. Cela se traduirait par la présentation ponctuelle des trains de haute technologie : TER Hydrogène, TER au colza, métro du Grand Paris Express, navette autonome sur rail (“taxirail”), train de nuit européen (Paris/Vienne par exemple), à l’instar de ce qui a pu être présenté par le passé (train léger ARAMIS, base d’essai de la ligne 14 du métro).
Cette exposition éphémère pourrait se greffer, par exemple, à l’opération Nuit Blanche. Ainsi, les Franciliens et touristes pourraient effectuer une nuit à bord d’un train de nuit statique, au milieu d’un écosystème naturel et paysager unique après un dîner dans une gare de la Petite Ceinture.
Nous suggérons également l’organisation d’un “Bourget des mobilités”, événement d’envergure régionale, voire nationale, qui pourrait se faire dans le 15e arrondissement en lien avec l’héliport de Paris. Il pourrait inclure trois pôles :
- un pôle ferroviaire sur la Petite Ceinture, (TER hydrogène, futur Intercités, taxirail, métro du Grand Paris, futurs RER, train de nuit, Orient Express,…) ;
- un pôle nouvelles mobilités aériennes à l’héliport pour présenter le taxi volant expérimenté par la RATP et Airbus, les drones, les hélicoptères à hydrogène ou électriques ;
- un pôle maritime avec le SeaBubble au Pont du Garigliano.
Le tout serait relié par des navettes autonomes avec des synergies possibles avec le Parc des Expositions de la Porte de Versailles.
Par ailleurs, nous avons organisé de 1993 à 2003 des circulations événementielles destinées au grand public, dans des TER de l’époque. Nous serions ravis de pouvoir reprendre ces circulations ponctuellement en partenariat avec la Région ce qui permettrait d’assurer une continuité de promenade grâce à la traversée des tunnels
en train.
À court terme, seriez-vous prêts à soutenir ces différentes activités événementielles sur la Petite Ceinture ?
Enfin, un grand nombre de métropoles de part le monde, qui ont la chance de disposer d’une infrastructure ferrée circulaire ou semi-circulaire, l’utilisent pour des activités de transport ferroviaire au service de l’intérêt général. À moyen ou long terme, considérez-vous que la Petite Ceinture constitue une réserve de capacité pour une éventuelle remise en service “transport”, comme cela est défini dans le protocole d’accord Ville de Paris — SNCF 2015 – 2025 ? Le cas échéant, défendrez-vous la pérennité de cette approche de la dimension ferroviaire lors de la renégociation de ce protocole, à l’horizon 2025 ? […] »
Nous avons obtenu un certain nombre de réponses. Nous les publions en l’état ci-dessous, par ordre alphabétique des patronymes des candidats tête de liste et sans commentaires pour le premier tour, pour l’information des électeurs.
Réponses reçues
Lutte ouvrière — Nathalie Arthaud
Faire entendre le camp des travailleurs
J’ai bien reçu votre courrier concernant la Petite Ceinture et je vous précise d’emblée que je soutiens votre demande de pérenniser le projet actuel. Plutôt que de laisser cette voie en friche autant qu’elle soit ouverte au public, sous forme de coulée verte, de lieu historique et culturel.
Par contre, pour ce qui concerne la vitrine des nouvelles mobilités et du tourisme éco-durable, la haute technologie, le « Bourget des mobilités » et les divers pôles que vous envisagez, sans me prononcer sur le fond, cela ne fait pas partie des priorités en matière de transport qui remontent des rencontres que j’ai depuis deux mois en d’Ile de France et au-delà.
En effet, l’évolution de transport de voyageurs est catastrophique : faute d’investissement et d’entretien dans les infrastructures ferroviaires, une fraction considérable du réseau ferré et de ses équipements est frappée de vétusté. Sur 4900 km de voies, des ralentissements sont imposés. En région parisienne, les usagers des transports subissent quotidiennement, pannes, retards ou suppressions de trains.
Faute d’entretien, près d’un tiers du réseau ferré est menacé de disparition, des prétendues « petites lignes » pourtant vitales pour les habitants et l’avenir des régions concernées. Plutôt que d’investir massivement dans la construction et la régénération du réseau, la SNCF, sous l’injonction des gouvernements successifs remplace les trains par des bus, au mépris de la pollution atmosphérique et multiplie encore les risques d’accidents routiers. Et bien souvent, les travailleurs n’ont plus d’autre choix que d’utiliser leur voiture pour se déplacer, occasionnant des frais et de la fatigue supplémentaire.
En 2018, le rapport Spinetta sur lequel gouvernement s’est appuyé pour mettre en œuvre la réforme ferroviaire, préconisait crûment la fermeture de 9200 km de lignes jugées économiquement non rentables. Même des lignes TGV jugées non rentables d’un point de vue capitaliste sont sur la sellette.
La priorité que je défends est que les milliards d’argent public doivent aller vers la collectivité, le transport ferroviaire de voyageurs et de marchandises, vers la santé, l’éducation, les services sociaux. Autant de secteurs qui n’ont pas besoin d’être rentable économiquement, il suffit qu’ils soient utiles à la population.
Aujourd’hui ces domaines sont soumis à la loi du profit des grands groupes capitalistes, aux lois de la concurrence et non à l’intérêt général. C’est absurde et aberrant. La rentabilité et la loi du profit sont à l’opposé.
C’est ce que je défends en priorité avec les autres candidats de Lutte ouvrière qui interviennent sur le terrain et se font l’écho de tout ce que dénoncent les travailleurs, la population, dont les usagers des transports font partie.
Nathalie Arthaud
LFI-PCF‑E!-PG-PA-GDS — Clémentine Autain
Pouvoir vivre en Île-de-France
Aucune réponse à nos multiples sollicitations par courriel et courrier suivi.
RN-LDP-PL-LAF — Jordan Bardella
Le Choix de la sécurité
Réponse promise mais non encore reçue. Cet article sera mis à jour si nous la recevons avant la fin de la campagne officielle.
EÉLV‑G·s‑GE-CE-MdP — Julien Bayou
L’écologie évidemment
Nous avons bien reçu votre plaidoyer et nous vous remercions pour votre sollicitation.
Nous soutenons l’ensemble des projets que vous nous soumettez et serions ravis de participer à leur réalisation, si nous prenons la tête de la Région.
Toutefois, la remise en service de trains sur les rails de la Petite ceinture de Paris, ainsi que l’ensemble des projets présentés, ne doivent pas compromettre les importantes réserves de biodiversité qui s’y trouvent.
De plus, il faut veiller à ce qu’ils provoquent pas une pollution sonore trop importante pour les riverains.
Nous espérons avoir répondu à l’ensemble de vos attentes et restons à votre disposition pour toute information complémentaire ou si vous souhaitez échanger plus précisément à ce sujet. Merci de contacter Joakim Le Menestrel, chargé des Affaires Publiques, pour l’organisation d’une rencontre.
Avril Julienne
UDFM — Éric Berlingen
Agir pour ne plus subir
Aucune réponse à nos multiples sollicitations par courriel et courrier suivi.
FDD — Lionel Brot
Nous sommes une liste de démocratie directe et il conviendra, si nous sommes élus, que vous portiez vos revendications publiquement, plus encore que vis-à-vis des seuls élus, aux populations potentiellement concernées, qui auront besoin de connaître vos arguments comme ceux qui ont présidé au fait que la petite ceinture soit aujourd’hui inutilisée comme ligne de chemin de fer.
A titre personnel, ayant vécu à proximité, j’ai connu la petite ceinture dans les années 90 comme un espace abandonné, inutilisé et inoccupé. J’en ai de bons souvenirs et peut comprendre votre attachement.
Cependant, il s’agit-là d’infrastructure et d’un espace somme toute considérable au coeur de Paris et il convient d’en envisager le destin dans l’intérêt des Parisiens et Franciliens au-delà d’une muséification, de l’organisation d’événements ponctuels ou d’une réserve de capacité, dont il faut impérativement préciser la fonction éventuelle dans cette perspective.
A mon humble avis, vis-à-vis des Parisiens et Franciliens, vous devriez envisager librement, de manière totalement décomplexée et hors cadre institutionnel, diverses solutions d’utilisation de cet espace qui puissent avoir un intérêt majeur et durable pour Paris et l’Ile-de-France, voire la France.
Je me permets ainsi, après avoir lu vos propositions à court terme, d’en évoquer une de moyen et long terme qui s’en inspire : faire de la petite ceinture un véritable laboratoire des mobilités (ferroviaires), où aurait lieu des essais, comme il y en a dans d’autres domaines.
A contrario, la transformation de cet espace sous la forme de gares aménagées et de promenades accessibles aux Parisiens et Franciliens est déjà amorcée depuis des années et il serait sans doute souhaitable de l’intensifier si l’on voulait pérenniser cet espace comme réserve de capacité, notamment en rendant les nombreux tunnels utiles, en étudiant s’il serait possible d’y installer des espaces conviviaux de bars et restaurants en longueur, voire des boutiques qui pourraient être desservies à certaines heures seulement par des trains de marchandises…
Bref, dans le cadre d’une démocratie directe, où les citoyens ont leur mot à dire tout du long du mandat des élus, beaucoup de choses sont possibles car la discussion est ouverte, possible et même essentielle, et ceci sans lien avec des accords, des contrats ou échéances lointaines dont à vrai dire les citoyens se passent très bien pour envisager et même décider ensemble de leur avenir commun et de celui qui sera le meilleur pour la petite ceinture.
Lionel Brot
Volt — Fabiola Conti
Île-de-France, Île d’Europe
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REV — Victor Pailhac
Oser l’écologie
Aucune réponse à nos multiples sollicitations par courriel et courrier suivi.
SL-LR-UDI-MR-MEI-MoDem diss. — Valérie Pécresse
Île-de-France rassemblée
Aucune réponse à nos multiples sollicitations par courriel et courrier suivi.
PS-PRG-PP-GRS-MRC — Audrey Pulvar
Île-de-France en commun
Mes représentants Dominique Barjou, conseillère régionale et membre d’IDFM et Michel Gelly-Perbellini, élu municipal à Paris 12 et candidat sur ma liste à Paris, vous ont reçu à ma demande et suite à votre sollicitation, ce 15 juin 2021.
Je partage votre position de pouvoir préserver l’avenir et les choix futurs concernant la petite ceinture ferroviaire, en particulier avec l’exigence de favoriser le développement durable.
Des portions sont déjà aménagées, et selon un accord conclu avec la municipalité parisienne et la SNCF.
Ainsi, tout en conservant les rails, un traitement paysager et convivial permet d’offrir aux promeneurs un parcours agréable et bien inséré dans les éléments bâtis. L’exemple du tronçon dans le 12ème arrondissement est probant.
D’autre part, je retiens votre idée de valoriser les espaces accessibles en organisant des évènements, en particulier en liaison avec l’histoire ferroviaire, mais d’autres idées pourraient émerger.
Comme présidente de Région je serai attentive aux propositions qui seront soumises, tant sur les objectifs d’aménagement futur que sur les initiatives festives et de convivialité, surtout si elle se situent dans un cadre écologique et solidaire.
La pratique des jardins partagés en est une bonne illustration.
Restant à votre écoute, recevez mes salutations les meilleures,
Audrey Pulvar.
LREM-Agir-MoDem-TdP — Laurent Saint-Martin
Envie d’Île-de-France
Je vous remercie de votre courrier au travers duquel je comprends les préoccupations qui sont les vôtres pour la sauvegarde d’un patrimoine historique et d’un outil de promotion des nouvelles mobilités.
Je suis particulièrement sensible à ce que représente la Petite Ceinture de Paris que ce soit sur le plan historique, patrimonial et environnemental. Il s’agit d’une véritable institution.
La mobilité est un enjeu majeur en Île-de-France, la priorité étant de répondre aux besoins des Franciliennes et Franciliens en poursuivant la transition vers des modes plus vertueux et plus performants.
C’est pourquoi je souhaite au travers des États Généraux des mobilités étudier l’aménagement de la Petite Ceinture de Paris et de son réseau ferré. Ainsi c’est l’ensemble des parties prenantes de la mobilité qui sont écoutées. Chaque proposition sera alors étudiée afin d’assurer une politique de mobilité à la fois efficace et efficiente.
Cette démarche s’inscrit dans une volonté d’écoute et de concertation. L’enjeu est ainsi d’apporter une réponse concrète aux enjeux de mobilité en Île-de-France. Les Franciliennes et Franciliens sont ceux qui parlent le mieux des transports car ce sont eux qui les utilisent quotidiennement. Ainsi avec cette approche participative nous pourrons travailler ensemble pour un aménagement mieux réfléchi et plus adapté à notre territoire.
C’est ainsi que je souhaite étudier le cas de la Petite Ceinture de Paris. La Région doit assurer pleinement sa place de chef de file de la mobilité et s’imposer comme le lien et le coordonnateur, entre tous les territoires.
Par ce présent courrier, je m’engage donc à travailler sur l’aménagement de la Petite Ceinture de Paris comme lieu de promotion des modes de transports du futur et ainsi répondre aux préoccupations qui sont les vôtres.