Histoire de la Petite Ceinture de Paris (Partie 1 : 1851 – 1900)

Une naissance impériale

La Petite Ceinture de Paris naît à partir de 1850 par la volonté de Napoléon III, dans le cadre de la modernisation de la capitale. Son objectif : bâtir une ligne de chemin de fer faisant le tour de la capitale en longeant les fortifications de Thiers (lesquelles ont totalement disparu aujourd’hui) et reliant les différentes gares parisiennes entre elles.

Ainsi, la Petite Ceinture vise ainsi à répondre à un triple objectif :

  • Faciliter le transport de troupes à l’intérieur du mur d’enceinte de Paris ;
  • Relier les réseaux des différentes compagnies de chemin de fer desservant Paris pour le transport de marchandises et des passagers.
  • Enfin, le réseau ferroviaire français s’étant construit en étoile autour de Paris pendant la première moitié du XIXe siècle, il s’agissait de permettre aux trains de passer d’un réseau à l’autre sans rupture de charge.

Le « chemin de fer de ceinture », pour reprendre l’expression de l’époque, voit ainsi le jour en 1851, quelques jours après le coup d’État donnant naissance au Second Empire de Napoléon III. Elle se compose de trois tronçons d’une longueur d’ensemble de 31 kilomètres 510 mètres :

  • Au Nord de Paris, la section La Chapelle – Batignolles (inaugurée en 1852)
  • À l’Est, la Petite Ceinture Rive Droite (section La Chapelle – La Râpée-Bercy, ouverte en 1854)
  • À l’Ouest, la ligne d’Auteuil (Pont-Cardinet – Auteuil-Boulogne, inaugurée en 1854)
  • Au Sud, la Petite Ceinture Rive Gauche (section Auteuil-Boulogne – La Râpée-Bercy, ouverte à l’exploitation en 1867)

La boucle est « bouclée » en 1869 grâce au Raccordement de Courcelles. La Petite Ceinture traverse des territoires encore peu urbanisés, récemment annexés à Paris en 1860.

De son développement…

L’ouverture de la Petite Ceinture se fait progressivement à partir de 1852. La Petite Ceinture est exploitée par un Syndicat, le Chemin de fer de Ceinture de Paris, dont le siège est implanté au 16 rue de Londres (Paris 9e).

Ce syndicat regroupe les quatre compagnies privées ayant une gare terminus située dans la capitale (les compagnies des chemins de fer du Nord, de l’Est, de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) et de Paris à Orléans).

Des gares locales de marchandises sont rapidement créées pour approvisionner les différents quartiers de la capitale : citons entre autres les gares de la Glacière-Gentilly, des Gobelins (13e arrondissement), de Charonne-Marchandises (20e) ou de Belleville-Villette (19e).

Suite à l’abandon de la construction à l’Ouest d’une ligne de ceinture dédiée au transport de marchandises sur la Rive Droite, la compagnie de l’Ouest (qui exploite les trains en partance de la gare Saint-Lazare), met en service en 1854 la ligne d’Auteuil, la première ligne de transport de passagers située à l’intérieur de Paris.

Il faut attendre 1862 pour que des trains de voyageurs circulent pour la première fois sur la Petite Ceinture Rive Droite. Mais cette nouvelle ligne est rapidement victime de son succès, et n’arrive plus à absorber le trafic marchandises ainsi que les trains inter-régionaux. Aussi la Grande Ceinture est-elle inaugurée en 1877.

La mise en service de la section Rive Gauche de la Petite Ceinture en 1867 permet de faire circuler les premiers trains circulaires, entre la Gare Saint-Lazare et celle de l’Avenue de Clichy. La boucle est « bouclée » en 1869, avec l’inauguration d’un court tronçon entre l’Avenue du Clichy et la ligne d’Auteuil : les trains peuvent enfin faire tout le tour de Paris.

Un embranchement est inauguré le long de la Seine pour desservir la gare du Champ de Mars : il emprunte le raccordement de Boulainvilliers, qui traverse la Seine et enjambe l’Île aux Cygnes pour rejoindre la Rive Gauche via le Pont Rouelle (aujourd’hui exploité par le RER C).

…à son apogée

La Petite Ceinture se développe progressivement à partir de 1867, au rythme des Expositions Universelles organisées à Paris. Celles-ci s’y déroulent tous les onze ans, en 1867, 1878, 1889 et 1900.

Le développement de la Petite Ceinture est à mettre en relation avec les projets de métropolitain, dont certains envisagent le prolongement des voies à l’intérieur de Paris.

À noter que jusqu’en 1889, la Petite Ceinture traverse la voirie au niveau de la chaussée, ce qui n’est pas sans causer des accidents. La suppression des passages à niveaux entraîne la construction de nombreux ouvrages d’art (viaducs, tunnels) et la reconstruction de plusieurs stations.

Le trafic de voyageurs connaît son apogée autour de 1900, les trains transportant entre 85 000 et 90 000 voyageurs par jour, et jusqu’à 100 000 voyageurs à l’occasion de l’Exposition Universelle. En parallèle, la Petite Ceinture connaît un important trafic de marchandises.

Un service « accéléré » est mis en œuvre en 1903 grâce à l’arrivée de locomotives à vapeur plus puissantes, permettant de réduire la durée du parcours à 1h05, soit une vitesse commerciale de 29km/h. Les trains se succèdent avec un écart compris entre 5 et 10 minutes. En comparaison, le tram 3 inauguré à partir de 2006, ne permet en une heure que de faire la moitié du parcours seulement…

Les trains de la Petite Ceinture sont tractés par différents types de locomotives à vapeur, dont la 030T 21 – 35 type 1900 montrée ci-contre. Pour davantage d’informations sur le matériel roulant de la Petite Ceinture, je vous renvoie à la lecture de cet article.

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