État de la PC – décembre 2024 : la renaissance de la gare de Masséna, enfin ?

Abandonnée depuis de nombreuses années, la gare de Masséna (ex-Orléans-Ceinture) s’apprête à connaître une nouvelle vie grâce à la refonte du projet « Réalimenter Masséna » (lancé en 2016). Ce dernier comprend la rénovation complète de l’ancienne gare, et sa transformation en un lieu de vie autour de l’alimentation. Les travaux doivent débuter début 2025. Enfin, la « tour » en bois évoquée au début du projet est abandonnée.

Autant d’aspects que nous vous proposons de découvrir dans cette 7e séquence de notre série d’articles consacrés aux enjeux autour de la Petite Ceinture de Paris en cette fin d’année 2024.

Désaffectée en 1998, vendue à la Ville en 2007 puis à une société privée en 2022 : les multiples vies de la Gare du Boulevard Masséna

Ouverte en 1867, la gare d’Orléans-Ceinture offrait à l’origine une correspondance entre les trains de Ceinture et ceux desservant la banlieue (gare d’Austerlitz). Après 1934, elle conservera son rôle de gare de banlieue. À partir de 1979, elle est desservie par le RER C. Et ce, jusqu’en 1998, lorsque cette desserte est transférée à la gare de la BNF.

Elle est rachetée par la Ville de Paris en 2007 après déclassement. En 2016, le projet « Réalimenter Masséna », porté à la société Hertel Investissement et le cabinet d’architecture Lina Ghotmeh, est déclaré lauréat de la 1e édition de l’appel à projets « Réinventer Paris ». Il vise à réhabiliter la gare – mais aussi à créer une tour en bois de 13 niveaux. Le tout, autour d’un vaste programme lié à l’alimentation, résumé autour du slogan « de la fourche à la fourchette ».

Réalimenter Masséna Petite Ceinture projet abandonné
Vue 3D du projet « Réalimenter Masséna », donc la « tour » en bois a finalement été abandonnée © Lina Gotmeh Architecture

La délivrance du permis de construire est (largement) retardée par l’arrivée d’un nouvel acteur : le (futur) prolongement de la ligne du 10 du métro vers Ivry et Vitry. En effet, cette dernière doit croiser la parcelle – en passant juste en-dessous de la tour en bois. Le permis est finalement délivré en 2021, pour un projet d’environ 1657 m².

Le croisement de la ligne T3b et du futur prolongement de la ligne 10 du métro. © La Grande 10

Ainsi, la parcelle est vendue par la Ville à Hertel Investissement le 30 juin 2022 pour la somme de 2,8 M€ – à l’exception d’une emprise prévue pour le futur ouvrage du tunnel de la ligne 10. D’après l’acte de vente, le début des travaux devait obligatoirement débuter dans les 9 mois après la signature, soit au plus tard le 30 mars 2023.

Le crash du projet « Réalimenter Masséna » (2023)

En 2023, Hertel Investissement avertit la Ville de difficultés techniques et financières pour la réalisation du projet « Réalimenter Masséna ». L’entreprise mentionne la forte hausse du coût des matériaux et l’inflation : le coût du projet est ainsi évalué entre 11,5 et 12,5 M€, contre 7 M€ initialement prévus.

D’autre part, Hertel est confronté à un changement de réglementation. En effet, la Préfecture de Police avait établi à l’été 2021 de nouvelles règles pour les constructions en bois – comme la tour qui devait construite à côté de l’ancienne gare. Ces nouvelles prescriptions, relatives à la sécurité incendie, prévoient la construction d’un socle en béton sur les 3 premiers niveaux.

Gare Masséna résurrection Petite Ceinture
La façade côté boulevard de la gare Masséna. Herbes folles, graffitis et peinture écaillée sont au rendez-vous ! © Jean-Nicolas Lehec

Problème : avec ces dalles en béton, le poids de la structure est démultiplié, imposant des fondations plus robustes. Or, les fondations avaient été conçues pour être compatibles avec le futur ouvrage de la ligne 10 : leur reprise n’est donc pas possible.

De fait, Hertel Investissement annonce ne pas être en mesure de construire la tour, et être dans l’impossibilité de réaliser son projet. En outre, l’entreprise doit verser environ 180 000 € de pénalités à la Ville, ne pouvant pas débuter les travaux dans les 9 mois suivant la signature de la vente.

Un nouveau projet autour de la réhabilitation de la gare de Masséna

Au cours de ses discussions avec la Ville, Hertel Investissement soumet un nouveau projet. Exit la tour de 13 niveaux : le projet ne prévoit plus « que » la rénovation lourde de la gare de Masséna. La superficie totale passe ainsi de 1657 m² à 777 m².

Le projet prévoit notamment la surélévation d’un niveau du bâtiment. L’ex-gare doit accueillir des espaces de formation et de recherche autour de l’alimentation, avec un café et un restaurant. Hertel Investissement serait en discussion avec AgroParisTech pour l’exploitation de l’ensemble.

Gare Masséna résurrection Petite Ceinture
Vue 3D du bâtiment des voyageurs rénové et surélevé. Mais où sont passés les rails ? © Hertel

Lors de sa session du 21 au 24 mai 2024, le Conseil de Paris valide ce nouveau projet. Un nouvel acte de vente de cession du site de la gare Masséna au profit de Hertel Investissement pour un montant de 2 M€ est signé en juin 2024. De même, le permis de construire, déposé au même moment, a été validé en novembre 2024.

Gare Masséna résurrection Petite Ceinture
Vue 3D de l’arrière de la gare Masséna. Notez que l’escalier de la gare doit également être rénové. © Hertel

D’après les dernières informations communiquées par la Mairie du 13e, les travaux doivent durer un an, entre début 2025 et début 2026. Un délai qui nous semble plutôt serré compte tenu de l’état de dégradation du bâtiment. Enfin, le ce dernier sera contigu à une nouvelle section ouverte au public de la Petite Ceinture, jusqu’à la rue de Patay.

La résurrection des anciens bâtiments des voyageurs de la Petite Ceinture

La gare de Masséna faisait partie des dernières gares de la Petite Ceinture à n’avoir fait l’objet d’aucune transformation en lieu de vie. L’abandon du projet « Réalimenter Masséna », s’il évitait la construction d’une tour sur la plateforme de la PC, était cependant préjudiciable pour le bâtiment, qui continuait à se dégrader inexorablement. Aussi, les avancées de cette année sont clairement une bonne nouvelle.

On rappellera d’ailleurs qu’un transport ferroviaire de type tram-train ne nécessite pas l’utilisation des anciens bâtiments voyageurs – les conditions d’exploitation ayant évolué depuis le XIXe siècle. Ceci offre donc une opportunité unique : redonner vie à ces édifices historiques, et éviter leur abandon ou leur démolition – un sort qui a déjà frappé bon nombre d’entre eux par le passé.


Pour aller plus loin, nous vous conseillons la lecture des 2 documents suivants : 

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