État de la PC – décembre 2024 : le locotracteur Moyse de l’Évangile

Quels enjeux pour la Petite Ceinture ferroviaire de Paris en cette fin d’année 2024 ? Notre association revient sur différents points ayant fait l’actualité de la ligne au cours de ces derniers mois. Pour ce 5e article, ouvrons une petite parenthèse au sujet du locotracteur Moyse bien caché dans la zone de l’Évangile, à deux pas de la PC. Et qui a même été le témoin d’un hold-up à la dynamite en 2002 !

Le locotracteur Moyse : un des légende (bien cachée) de l’Évangile

Bien caché à l’abri des regards indiscrets, un petit locotracteur prend la poussière depuis quelques temps déjà. S’il est connu de quelques (rares) initiés, nous avons récemment eu l’opportunité de le voir de plus près.

D’après les informations dont nous disposons, ce locotracteur a été fabriqué par la société Moyse. Créée dans les années 1920, elle était basée à la Courneuve. Elle a fourni des locotracteurs diesel à de nombreuses entreprises privées, notamment dans le nord de la France. L’un d’entre eux est d’ailleurs exposé à la Cité du Train. Sans oublier les centaines d’unités qui ont été fournis à la SNCF (Y 2200, Y 6200, Y 6400, quelques Y 7400 et Y 8000).

Celui qui se cache sous l’énorme entrepôt Géodis de la Porte de la Chapelle, bien à l’abri des regards indiscrets, est un locotracteur Moyse BN34E. Il date (a priori) de la fin des années 70. Pesant 32T, son moteur doit offrir une puissance de 150 ch afin de tracter des convois de 1000T maximum.

Pendant ses années de service, il a servi à déplacer les wagons devant les différentes cellules de stockage de l’entrepôt Calberson-Ney (aujourd’hui Geodis). Les différents clients avaient la possibilité de se faire livrer des marchandises par « wagons isolés » (presque toujours couverts).

Un locotracteur SNCF les amenait sur la voie d’échanges. Puis le locotracteur Moyse de Calberson les prenait en charge et les plaçaient devant la porte de chaque client, le long du quai haut de déchargement1.

Ce service a pris fin il y a quelques temps déjà. Pire : la double-voie sur laquelle il est garé… est murée aux deux extrémités. Il faut dire que l’ouvrage de la rue d’Auvervilliers (qui fait passer le T3b vers la gare de Rosa-Parks) a été construit pile à cet emplacement.

Un braquage à 6 millions d’euros à côté de la Petite Ceinture !

Sur le capot du locotracteur, on peut remarquer… des impacts de balle. Pour tout comprendre, il faut revenir au matin du 4 mars 2002. À 5h40, plusieurs camions blindés sont stationnés sous l’énorme structure des entrepôts SERNAM (aujourd’hui Geodis), boulevard Ney.

Soudain, des malfaiteurs cagoulés, visiblement très bien renseignés, font exploser à la dynamite le mur situé à l’arrière du bâtiment (côté voies de chemin de fer), à un mètre seulement de la salle des coffres de l’entreprise de transports de fonds. Des coups de feu sont tirés. Les balles percent le capot de la machine et se fichent dans les parpaings du mur opposé. La taille des impacts laisse deviner la violence de la scène…

Plusieurs assaillants s’engouffrent dans le trou d’un mètre de diamètre, et s’emparent de 5 sacs contenant chacun un million d’euros. Ils prennent la fuite en direction du Périphérique. Ils se retrouvez nez à nez avec deux voitures de la police urbaine (PUP) de proximité. Les malfrats tirent au fusil d’assaut et au pistolet automatique, blessant un policier.

« Sur les voitures de la PUP, sept impacts sont relevés. Un projectile sera même retrouvé dans une chambre d’un appartement, à 300 mètres de là », note Le Parisien dans un article. La poursuite s’engage sur l’A1 à près de 200 km/h entre les malfrats, équipés de 2 Renault Espace V6 et d’une Golf, et les policiers. À 5h50, soit à peine 10 minutes après le début de l’attaque, le commando réussit à semer les policiers près des pistes de l’aéroport de Roissy2.

Source : Le Parisien

Le locotracteur Moyse de l’Évangile bientôt récupéré par une association ?

Après des années d’abandon, le locotracteur Moyse de l’Évangile sera prochainement récupéré par une association de défense du patrimoine ferroviaire. Puisque les voies sur lesquelles il repose ne sont plus accessible, le locotracteur sera démonté pièce par pièce. En revanche, nous ne connaissons pas le nom de l’asso en question. N’hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires de cet article.

Enfin, des travaux ont été réalisés par Geodis (propriétaire de l’immense entrepôt Calberson-Ney). Ainsi, une passerelle en bois a été implantée juste au-dessus des voies de la Petite Ceinture. D’après les informations que nous avons acquises, ces travaux visaient à consolider le béton des piliers qui soutiennent toute la structure.

Pour mémoire, ce vaste espace servait (avant 1995) à l’entretien des voitures postales basées à l’Évangile. Délaissées depuis cette date, ces voies auraient pu servir, par exemple, à un centre de remisage des rames du tram T8 – avec prolongement de la ligne sur la portion est de la Petite Ceinture. Hélas, cette option n’a pas été retenue par la Ville, comme nous l’expliquions dans cet article.

Note : Merci

  1. Notre association tient à adresser ses remerciements à @rom_radiohead et N. Boncourt pour toutes les informations ayant mené à la rédaction de ce article. ↩︎
  2. Merci également à Barock Decarlat pour ses explications historiques sur la fonction du locotracteur Moyse. ↩︎

Rejoignez-nous et défendez avec nous l’ADN ferroviaire de la Petite Ceinture !

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