Gares de Paris-Bestiaux et Paris-Abattoirs
Fiche d’identité
- Nom : Paris-Bestiaux / Paris-Abattoirs
- Localisation : Avenue Jean Jaurès (ex-rue d’Allemagne)
- Arrondissement : 75019
- Date d’ouverture : 1867
- Type : gare de marchandises
- Gares voisines : Est-Ceinture, Belleville-Villette, Ménilmontant
- État : démolie
- Correspondance : métro ligne 5
Paris-Bestiaux : deux gares bien distinctes
La gare de Paris-Bestiaux est située à l’extrémité du 19e arrondissement, au Nord-Est de Paris. Elle n’est pas située directement sur la Petite Ceinture, mais y est raccordée par le raccordement de Paris-Bestiaux. Grâce à un double-embranchement, les trains peuvent rejoindre la P.C. au niveau de la gare de Belleville-Villette. La gare se situe également à proximité immédiate du Canal de l’Ourcq et du Canal Saint-Denis.
Mais le nom de « Paris-Bestiaux » recouvre en réalité 2 gares distinctes. D’une part, la gare de Paris-Bestiaux en elle-même, qui dessert le marché aux bestiaux de Paris. Ce dernier se situait au Sud du Canal de l’Ourcq : la grande halle de la Villette en est l’un des témoins.
De l’autre côté du Canal de l’Ourcq se trouve la gare de Paris-Abattoirs. Comme son nom l’indique, elle sert à acheminer les animaux vers les abattoirs de la Villette. Ses voies en tiroir sont situées à la lisière de la plateforme des voies de la gare de l’Est.
Paris-Bestiaux : une naissance Haussmannienne
La gare de Paris-Bestiaux naît de la volonté du Baron Haussmann, au début des années 1860. Ce dernier veut regrouper les 3 marchés aux bestiaux de Poissy, Sceaux et la Chapelle-Saint-Denis et les 8 abattoirs de Paris en un site unique, qui serait raccordé aux réseaux de chemin de fer grâce à la Petite Ceinture, nouvellement inaugurée. Le but : améliorer les conditions d’hygiène dans lesquelles les animaux étaient vendus et abattus à cette époque.
Le 26 juillet 1864, le Syndicat de Ceinture signe donc une convention avec la Mairie de Paris pour la création d’un embranchement et de 2 gares : Paris-Bestiaux et Paris-Abattoirs. Les travaux débutent au milieu de l’année 1866. L’embranchement est livré à l’exploitation le 18 octobre 1867, trois jours avant l’inauguration du Marché aux bestiaux. La Mairie de Paris ayant reporté l’ouverture des abattoirs, seule la gare de Paris-Bestiaux est opérationnelle. Cette dernière comporte 7 voies et 3 quais. Les bestiaux sont acheminés directement par les compagnies de chemin de fer. Les trains peuvent compter jusqu’à 30 wagons.
L’ouverture de la gare de Paris-Abattoirs se fait dans un second temps, et intervient en 1869. Pour permettre aux trains de franchir le Canal de l’Ourcq, un pont levant est construit. En position levée, celui-ci permet le passage des bateaux et des péniches sur l’eau du canal. En position abaissée, il autorise la circulation des trains.
Les gares de Paris-Abattoirs et de Paris-Bestiaux sont rapidement saturées. En 1871, 557 992 bêtes passent par la gare de Paris-Bestiaux (expéditions et arrivages confondus). 4 ans plus tard, en 1875, ce nombre passe à 1 030 399, et est multiplié par 2 dès 1896.
Aussi, le 19 octobre 1898, la gare est ouverte au service de nuit. Pour rationaliser le trafic, seules les rames complètes (24 wagons maximum) sont admises en gares. Ces rames sont formées soit par les compagnies elles-mêmes, soit au niveau du triage d’Aubervilliers, juste à côté de la gare d’Est-Ceinture. Le trafic de la gare de Paris-Bestiaux représente donc une part très importante pour la Petite Ceinture, dont un grand nombre de sillons sont réservés aux trains de bestiaux.
Une locomotive à l’eau
Le lundi 3 octobre 1921, un événement rare et spectaculaire se produit : une locomotive du Chemin de fer de Ceinture tombe dans le Canal de l’Ourcq ! L’accident aurait été dû à un problème de freins sur la locomotive. Cette dernière, enlisée dans le canal, a nécessité d’importants moyens pour être relevée. En revanche, le trafic ferroviaire n’a pas été interrompu durant la durée de l’opération.
La délicate question du passage à niveau de la rue d’Allemagne
L’embranchement de Paris-Bestiaux, qui permet aux 2 gares d’être reliées à la Petite Ceinture, croise à niveau la rue d’Allemagne (devenue depuis l’Avenue Jean-Jaurès). Ceci n’est pas sans poser quelques soucis : les trains de bestiaux sont particulièrement longs et se succèdent parfois à des intervalles assez rapprochés. En conséquence, il n’est pas rare que les barrières du passage à niveau restent fermées de longues minutes, bloquant piétons, carrioles, tramways et bus automobiles.
Qu’est devenue la gare de Paris-Bestiaux ?
En 1959, le gouvernement de l’époque décide d’implanter à la Villette un marché d’intérêt national de la viande. Ce dernier doit suppléer à la disparition des Halles centrales de Paris, parallèlement au niveau marché ouvert à Rungis. Ce projet prévoit la construction de nouveaux abattoirs en lieu et place des anciens bâtiments, dotés d’installations frigorifiques modernes. Le pont levant du Canal de l’Ourcq doit être supprimé et remplacé par un tunnel.
Ce projet de grande envergure doit ouvrir un nouvel avenir à la gare de Paris-Bestiaux, dont la configuration et les installations sont vieillissantes. Commencés en 1968, les travaux sont brutalement interrompus en septembre 1970 pour des raisons budgétaires. Par ailleurs, les négociants boudent de plus en plus la Villette et lui préfèrent d’autres lieux plus modernes.
Le 15 mars 1974, le marché aux bestiaux et les abattoirs ferment définitivement leurs portes. La gare de Paris-Bestiaux est alors utilisée comme garage pour les trains de matériaux et de matériels, destinés à la réfection des tunnels de la Petite Ceinture. Sa fermeture intervient le 31 décembre 1977. Enfin, les terrains du raccordement de Paris-Bestiaux sont rétrocédés à la Ville de Paris. Dans le cadre de la ZAC Jaurès-Manin (qui inclut aussi les terrains de la gare de Belleville-Villette), on construit un ensemble d’immeubles d’habitation. À noter que le tracé de l’allée Darius Milhaud reprend celui de l’embranchement de Paris-Bestiaux.
Le projet de création d’un musée et d’un parc est adopté en 1979. Les infrastructures des abattoirs et du marché aux bestiaux sont détruits, à l’exception de la halle aux moutons, qui échappe à la démolition et devient un lieu de concerts et d’exposition. La Cité de la Musique, inaugurée en 1995, ainsi que la Philharmonie de Paris, ouverte en 2015, sont situés à l’emplacement exact de la gare de Paris-Bestiaux.