La prise en compte du bruit en ville devient ces dernières années un véritable enjeu lié à la pollution sonore qu’il entraîne, mais aussi un élément déterminant pour la qualité de vie en ville.
« Parmi les atteintes à la qualité de vie, le bruit constitue une des premières nuisances citées. »
BruitParif – Exposition au bruit des transports dans la zone dense de la région Île-de-France – février 2019
Les transports contribuent à l’émission de bruits depuis leurs créations. Toutefois, les progrès technologiques de ces dernières décennies permettent de réduire les émissions sonores. À titre d’exemple, l’arrivée du métro pneumatique dans le réseau parisien a permis de réduire le bruit crissant et les vibrations en sous-sol dès les années 1950, même si ce n’était pas l’objectif premier. En effet, le pneumatique génère lui aussi du bruit, mais de manière plus « lissée » et moins agressive.
En ce qui concerne la Petite Ceinture ferroviaire, l’un des principaux enjeux pour une remise en service concerne cette problématique du bruit. Rappelons qu’un tronçon de la Petite Ceinture contribue, encore aujourd’hui, à la desserte ainsi qu’à la complémentarité du réseau francilien. Il s’agit de la section Porte de Clichy — Avenue Henri Martin, réaménagée entre 1985 et 1988 dans le cadre de la création de la ligne C du RER, exploitée aujourd’hui par SNCF Voyageurs.
La Petite Ceinture, laboratoire d’essai de SNCF Réseau contre le bruit
Afin de pallier les émissions de bruits liées au roulement des trains en milieu urbain, la direction de l’ingénierie et de la recherche de SNCF a testé au début des années 2000 un système de voie dite « silencieuse ». Ces essais visaient à réduire la pollution sonore induite par le roulement des essieux sur le rail grâce à l’absorption des vibrations. Cette expérimentation se déroulait dans le secteur de la Porte de Clignancourt au niveau de l’actuelle Recyclerie.
Près de 20 ans plus tard, SNCF Réseau, propriétaire de la Petite Ceinture et du réseau ferré français, teste une nouvelle solution acoustique. Elle vise à réduire le bruit émis par le système d’aération et de désenfumage du RER C sur le boulevard Pereire. En effet, la création d’une tranchée couverte impose des mises aux normes drastiques. Elles comportent notamment la création d’issues de secours, ainsi que d’extracteurs de désenfumage qui permettent d’une part d’évacuer les fumées liées à un incendie ; et d’autres part de renouveler l’air en cas de chantier. Ce système compte 23 extracteurs entre les gares de Neuilly – Porte Maillot et Pereire – Levallois, et est télécommandé depuis le poste de commandement des Invalides.
Depuis 2017, les riverains du boulevard Pereire se sont mobilisés auprès du Maire d’arrondissement et de SNCF Réseau à la suite du déclenchement régulier de ce système durant la nuit en raison des nombreux chantiers menés sur le RER C.
Nuisances sonores boulevard #Pereire, la @SNCF doit agir et entendre la colère des riverains #paris17 pic.twitter.com/UgzAcnP7jr— Mairie du 17e (@Mairie17) June 18, 2020
C’est pourquoi, des « cheminées acoustiques » apparaissent actuellement boulevard Pereire à proximité immédiate de la gare éponyme. Elles visent à réduire de plus de 10 dB le bruit émis par les souffleries (soit une division par 2 du volume sonore perçu par l’oreille humaine).
L’expérimentation est menée par SNCF Réseau en lien avec la Mairie du XVIIe arrondissement durant le mois d’août 2020. Les conclusions seront partagées avec les riverains.
Le bruit ne s’enterre pas
Ainsi, l’idée selon laquelle enterrer les infrastructures de transports ferrés, comme c’est parfois suggéré pour la Petite Ceinture, supprime le bruit ferroviaire, s’avère ici contrariée : la mise en tranchée peut impliquer la génération de nuisances.
Les autorités publiques comme BruitParif ou SNCF Réseau portent une attention de plus en plus accrue à ces problématiques, notamment depuis la transposition de la directive européenne 2002/49/CE et dans le décret du 24 mars 2006 relatif aux plans de prévention du bruit dans l’environnement.
« [Une valeur limite] déterminée par l’État membre, dont le dépassement amène les autorités compétentes à envisager ou à faire appliquer des mesures de réduction du bruit »
BruitParif – Exposition au bruit des transports dans la zone dense de la région Île-de-France – février 2019
Le ferroviaire ne génère pas de bruit par principe. Ce sont des composants constitués par l’état de la voie, du matériel roulant, de la vitesse qui engendrent du bruit ou pas. L’amélioration de chacun de ces composants réduit la production sonore totale.
Pour aller plus loin, la mesure du bruit
BruitParif propose une définition précise dans son rapport publié en février 2019 :
Les cartes de bruit sont produites selon deux indicateurs : l’indicateur Lden et l’indicateur Ln. L’indicateur Lden (pour Level day evening night) correspond à un indicateur de bruit global perçu en moyenne sur 24 heures. Il tient compte de la sensibilité accrue des individus au bruit sur les périodes de soirée et de nuit. Ainsi l’indicateur Lden est calculé à partir des niveaux de bruit moyens équivalents sur les périodes de journée (6 – 18h), de soirée (18 – 22h) et de nuit (22 – 6h) en appliquant des pondérations de +5 dB(A) et de +10 dB(A) aux niveaux de bruit de soirée et de nuit. Il est évalué en moyenne sur l’année. L’indicateur Ln (Level night) correspond au niveau moyen énergétique de bruit sur la période nocturne (22 – 6h). Il est évalué en moyenne sur l’année.
Pour aller plus loin dans cette thématique du bruit urbain, nous vous invitons consulter ces cartes et études produites par la Préfecture de Région en lien avec SNCF Réseau ou encore la carte interactive de BruitParif. Vous verrez notamment que faisceau ferré de la gare d’Austerlitz apparaît comme plus bruyant que d’autres lignes radiales. En effet, le principal trafic de la gare d’Austerlitz est lié aux vaillants trains Corail qui n’ont pas été équipés de semelles qui absorbent le bruit, à l’instar des rames du RER C. L’arrivée des successeurs du train Corail, actuellement construits par l’espagnol CAF permettra de réduire significativement le bruit émis par la circulation des trains.
Le réseau routier, plus gros générateur de bruit
L’Île-de-France est la région française la plus peuplée avec environ 12 millions d’habitants dont 10,1 millions se situent dans la zone dense.
« Au sein de la zone dense francilienne, le bruit ferré affecte une partie non négligeable du territoire. Toutefois, la population qui y est exposée est bien moindre que pour le bruit routier »
BruitParif – Exposition au bruit des transports dans la zone dense de la région Île-de-France – février 2019
L’étude de BruitParif révèle que 85% des habitants, soit 8,6 millions de personnes, sont confrontés aux nuisances du réseau routier la journée. Cela signifie que le premier enjeu pour lequel des solutions doivent être trouvées porte sur les questions liées à la route. C’est le premier facteur de bruit dans la région y compris la nuit, puisque 80% des habitants y sont exposés.