État de la PC – décembre 2024 : à la gare des Gobelins, quel avenir pour le fret ferroviaire ?

Rachetée à la SNCF par le groupe SEGRO, la gare des Gobelins s’apprête à connaître d’importants travaux de transformation, menés par Bouygues Construction. En revanche, la desserte par le rail semble compromise. Et ce, « grâce » à la Ville qui préfère implanter une nouvelle promenade le long de la rue Régnault, plutôt que de favoriser le fret ferroviaire.

Décryptage de cette situation dans ce 5e article de notre série consacrée aux enjeux autour de la Petite Ceinture ferroviaire de Paris en cette fin d’année 2024.

Gare des Gobelins ferroviaire Petite Ceinture
© Lotfi Dakhli / Segro

La Gare des Gobelins vendue par la SNCF au groupe Segro

Située au cœur du quartier des Olympiades, dans le 13e arrondissement, la gare des Gobelins avait été quelque peu laissée « dans son jus » depuis un certain nombre d’années.

À l’heure actuelle, la gare comporte 5 voies, dont 4 mesurant 250 m de long. La desserte par le rail avait été stoppée en 1993, lors des travaux de la ZAC Paris Rive-Gauche (dont la BNF a été la 1e réalisation).

Gare des Gobelins ferroviaire Petite Ceinture
© Lotfi Dakhli / Segro

Cependant, elle avait fait l’objet d’un APUI (Appel à Projets Urbains Innovants) dans le cadre de la 2e phase de l’opération « Réinventer Paris – Les dessous de Paris », lancé par la Ville et ses partenaires en mai 2017.

Ainsi, la gare – et toute la plateforme logistique dans laquelle elle s’insère – a été vendue par le Groupe SNCF (via sa filiale Immobilier), et acquise en 2022 par les groupes immobiliers Icade (filiale de la Caisse des Dépôts) et Segro.

Gare des Gobelins ferroviaire Petite Ceinture
© Lotfi Dakhli / Segro

75000 m² dédiés à la livraison du dernier kilomètre

D’après les informations fournies à la presse, le groupe Segro doit aménager un centre logistique souterrain de 75 000 m². Il sera « destiné à la distribution urbaine et à la livraison du dernier kilomètre. Le hub sera développé selon des normes environnementales et de bien-être élevées, y compris une infrastructure de recharge pour les véhicules électriques et les tricycles de livraison ainsi que des points de recyclage et un centre de réparation de vélos », apprenait-t-on dans un article publié par l’entreprise en 2020.

Gare des Gobelins ferroviaire Petite Ceinture
© Lotfi Dakhli / Segro

Des travaux préliminaires ont débuté en décembre 2023, et doivent se poursuivre jusqu’en 2025.

Quid de la desserte ferroviaire ?

La transformation de la gare des Gobelins connaît un grand coup d’accélérateur en novembre 2024. Dans un communiqué de presse, Bouygues Construction annonce que le site deviendra d’ici 2025 « le premier hôtel logistique urbain “générateur de liens” ».

Le projet vise ainsi à répondre à trois grands objectifs :

  • Décarbonation de la livraison du dernier kilomètre
  • Technologie et innovation
  • Lien urbain.

Problème : le ferroviaire n’est aucunement mentionné dans ce communiqué – y compris dans la partie dédiée à la décarbonation de la logistique urbaine. Un comble. En outre, le visuel communiqué par Bouygues Construction sème le trouble, les rails ayant tout simplement disparu !

Gare des Gobelins ferroviaire Petite Ceinture
La camionnette électrique à droite est bien mignonne, mais où est passée la desserte ferroviaire ? © Bouygues Construction

Contacté par notre association, le groupe Segro se montre rassurant :

« Nous conservons l’infrastructure en place. Le visuel [présenté par Bouygues Construction] conserve bien les voies ferrées telles qu’elles se présentent actuellement. De la même manière les voies menant au raccordement vers la Petite Ceinture ne sont pas modifiées ».

En revanche, l’avenir de la desserte par le rail (via la Petite Ceinture) semble plus incertain :

En ce qui concerne la relance d’une activité de fret ferroviaire, celle-ci dépend des politiques nationales et locales portées notamment par la SNCF, la Ville de Paris, la Région et les services de l’Etat. Les diverses démarches que nous avons menées ne donnent pas de perspective à court ou moyen terme pour la Petite Ceinture

En clair : faute de réelle volonté politique, la desserte par le chemin de fer (via la Petite Ceinture) de la gare des Gobelins est fortement compromise. Un point qui s’illustre parfaitement avec l’initiative de la Mairie du 13e arrondissement, qui pousse en faveur d’une promenade ouverte au public… pile à l’emplacement du raccordement des Gobelins !

Des rails pour faire joli (et surtout pas pour du transport ferroviaire) ! © Ville de Paris

La gare des Gobelins, maillon essentiel pour un réseau logistique (réellement) écologique et durable

Est-il encore besoin de rappeler l’importance d’une desserte ferroviaire (et pas seulement routière) d’une infrastructure comme ce futur hôtel logistique ? En étant le moyen de transport le moins polluant, le rail est la véritable option pour développer un fret urbain décarboné.

Pour mémoire, la Petite Ceinture est la seule infrastructure de transports à grand gabarit à être en mesure de devenir une « rocade logistique », en reliant les hubs logistiques de la capitale, actuels ou futurs : Prologis Connect (Batignolles), Chapelle-International, Bercy-Charenton. Et celui des Gobelins, naturellement – notamment en le mettant en lien avec les halles de Rungis.

Notre association en appelle donc à un véritable sursaut, afin que la Petite Ceinture ne soit pas seulement vue comme « des rails pour faire joli ». Mais bel et bien comme un véritable atout afin de décarboner les transports et la desserte marchandises de Paris.

Rejoignez-nous et défendez avec nous l’ADN ferroviaire de la Petite Ceinture !

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